Qui d’entre nous ne s’est jamais comparé aux autres ? Nous le faisons tous, presque instinctivement. Nous comparons nos familles, nos professeurs, nos collègues, nos maisons, nos voitures, nos salaires… « il a une maison plus grande que la mienne », « eux ils partent tous les ans au ski – nous, non », « elle a trois enfants alors qu’elle n’en voulait pas, moi j’attends toujours le mien alors que j’en rêve depuis toujours ».
Le deuil, terrain propice à la comparaison
Lorsque l’on perd une personne aimée, les émotions négatives nous envahissent. Autour de nous, personne ne semble comprendre ce que nous vivons. La vie des autres semblent continuer, alors que l’on est amputé d’un amour, d’un soutien, de projets que les autres ont toujours !!! J’ai trouvé cela tellement injuste et extrêmement difficile à vivre !
Je me souviens qu’à l’époque, cela me mettait dans une colère noire ! Au fur et à mesure des années, je me suis rendue compte que cela m’empoisonnait littéralement. Il fallait que je me batte. La question était de savoir avec quelles armes ?
Les comparaisons qui nous empoisonnent au cœur du deuil
« ma soeur pleure toute la journée, moi j’arrive pas à m’exprimer »
C’est ce que Sibylle me dit : elle se compare à sa soeur qui a une réaction vive qu’elle aimerait bien avoir. L’enjeu pour Sibylle est d’exprimer elle aussi ses émotions. Ceci dit, si elle s’arrête à cette comparaison là, elle risque de cultiver du ressentiment pour sa soeur pendant longtemps alors que celle-ci ne se rend même pas compte que cela la fait souffrir.
Si vous êtes en deuil, peut-être avez-vous tendance aussi à comparer les réactions de votre entourage avec les votres ?
« je ne comprends pas pourquoi c’est si difficile, quand ma Mamita est morte, je n’ai pas eu cette réaction »
Pierre me glisse cela au milieu d’un accompagnement. Il ne comprend pas pourquoi il a temps de mal à traverser cet autre deuil. Cela génère chez lui de la déception et de la colère enfouie. Chaque deuil est différent, cela est normal. Pierre dénouera ce nœud en accompagnement.
« Tu as vu, Sophie, son frère est mort dans un accident. Bon, au moins, il s’est pas suicidé – t’imagines ! »
Quand Sophie a entendu ce message dans la bouche de son collègue Kevin, elle a eu une coup de poignard dans le cœur. Elle a entendu qu’elle ne pouvait pas souffrir, ou du moins, elle devait moins souffrir. Cette comparaison l’a plongé dans un grand désespoir. Il lui a fallu travailler pour qu’elle prenne de la distance et s’autorise à vivre sa douleur et la traverser.
Ces trois exemples représentent trois types de comparaison :
- je me compare avec les personnes extérieures
- je me compare avec d’autres réactions que j’ai pu avoir avant, ou que je devrais avoir
- je suis l’objet de comparaison de la part d’une personne extérieure
Toutes engendrent de la colère, de la tristesse, du mépris, du dégoût, de l’amertume et bien d’autres choses. Ces sentiments sont comme le pus dans une plaie – elles empêchent et retardent la cicatrisation.
Que faire pour sortir de la comparaison ?
La première chose est d’en prendre conscience ! Nous le faisons tous si machinalement, mais il est impossible de lutter contre quelque chose que nous faisons sans nous en apercevoir.
La deuxième est de regarder ce que la comparaison engendre : est-ce de la colère ? du mépris envers moi ou envers les autres ? de la jalousie ? de la tristesse ? de la désespérance ? Va-t-elle me pousser à l’action en engendrant des cris, un manque d’empathie ou de patience… ? Concrètement qu’est-ce qu’elle a comme impact dans ma vie ?
L’étape suivante est de se demander si on veut vraiment cultiver ces sentiments, émotions qui nous tirent vers le bas ?
Enfin, qu’est-ce que je mets en place pour cela : des exercices ? un accompagnement ? Une séance de sport quotidienne ? Un rituel quotidien ?
J’ai expérimenté que chacun de ces pas me permettaient d’avancer en contribuant à mes retrouvailles avec une paix intérieure.
As-tu envie toi aussi de ne pas te laisser empoisonner par la comparaison ?